Le Marbré est réoccupé

Depuis la manifestation combative du dimanche 28 février, rassemblant
plus d’une centaine de personnes et faisant suite à l’expulsion du
samedi 27 février, le Marbré est bel et bien de retour.

Malgré la répression policière, nous avons su réoccuper le lieu et
maintenir la dynamique collective à laquelle nous tenons tant.

Le projet derrière notre occupation du lieu a depuis le début été celui
de s’organiser indépendamment des organes gestionnaires du monde
existant pour lutter contre tout ce qui nous dégoûte et qui ne se met
pas en pause le temps d’une pandémie : les taules et les CRAs, les
loyers et les spéculateurs immobiliers, et bien d’autres choses encore…
Nous y tentons une forme d’auto-organisation, de manière maladroite
forcément, car on avance toujours à tâtons, pour nous libérer des
systèmes de dominations et des rapports marchands sur nos vies.

Le Marbré accueil des évènements qui sont discutés et décidés
collectivement lors d’une assemblée générale ouverte et publique qui a
lieu tous les dimanches à 13h. Ces évènements publics peuvent être aussi
bien des cantines en soutien aux collectifs autonomes que des fêtes mais
aussi des discussions, des groupes de lecture, des séances de sport, des
sessions de bricolage nous permettant de nous réapproprier l’ancien
hangar de la marbrerie.

Aucun événement n’est payant. On ne négociera pas non plus notre
présence, ni avec la mairie, ni avec la préfecture : si elles veulent
nous faire chier, on accepte de prendre le risque de voir des keufs
débarquer à notre porte, comme ça a été le cas samedi 27 février.

Depuis le début de l’existence du squat, nous avons pu partager des
moments chaleureux avec des voisin.es soucieux.ses de ne pas voir leur
quartier s’embourgeoiser. Nous y voyons un lieu de rencontres au milieu
de l’isolement généralisé.

Tout le monde ne voit pas le Marbré du même œil. Dès le début, on a
entendu des discours nous assimilant à un cluster de Covid, bien que
n’ayant aucun souci avec le fait que le reste du temps on s’entasse à
l’école, au travail ou dans le métro. Nous ne nions pas l’existence du
virus, loin de là, pourtant dans cette situation de pandémie, il nous
parait d’autant plus nécessaire de continuer à proposer des moments
publics pour discuter et s’organiser, parfois aussi autour des
conséquences de la gestion de la crise sanitaire.

Certain.e.s appellent les keufs dès lors qu’on organise un événement. Au
moins, là, tout le monde s’est rendu compte de ce que cela représente
concrètement.

Pour résumer, les policiers ont débarqué à plus de 80 samedi 27 février,
ils ont annoncé vouloir arrêter une « fête illégale » et ont verbalisé
pour « réunion interdite ». Ils nous ont nassé.e.s dans le hangar ; ils
ont contrôlé et verbalisé tout le monde, notamment grâce à la
reconnaissance faciale, pour ensuite expulser illégalement le lieu (nous
sommes effectivement occupant.e.s du bâtiment sous procédure juridique
et un procès aura lieu le 1er avril), nous laissant sans domicile et
sans espace d’organisation.
Ils ont profité du renforcement de leur pouvoir acquis avec les mesures
sanitaires pour expulser un des rares squats qui proposaient des
activités publiques et politiques en ces temps de contrôle exacerbé sur
nos vies.
Les matelas des chambres ont été gazés au poivre, des plombs enlevés, la
porte de l’habitation a été murée et le proprio a même essayer de
saboter notre tuyauterie pour nous empêcher de revenir.

Deux des camarades à l’intérieur et un à l’extérieur sont partis au
poste pour une garde-à-vue qui aura duré 48 heures. Ils sont sortis
libres, la charge de « mise en danger de la vie d’autrui » n’ayant pas
été retenue. Deux sont convoqués, l’un pour refus de signalétique,
l’autre pour outrage.

Nous ne sympathiserons donc pas avec celleux qui souhaitent que cela
nous arrive à nouveau. On ne cherche pas la tolérance, nous sommes prête
à nous défendre face à celleux qui ne veulent pas nous laisser exister.

Si on attend du Marbré qu’il reste discret, nous continuerons à crier
d’autant plus fort notre haine de l’ordre établi, nous afficherons nos
idées politiques à nos fenêtres et sur les murs. On sait que le Marbré
fait tâche dans le paysage où poussent des nouvelles résidences aux
loyers en hausse permanente, la douane et des grosses boîtes. Et tant
mieux si ça dérange certain.e.s.

Nous allons continuer à organiser des activités politiques et faire
vivre ce lieu autant que nous le pourrons.
Nous encourageons et soutenons d’autres initiatives de ce genre!

Inexpulsablement vôtres, des participant.es au Marbré

lemarbre@riseup.net.

Nous invitons celleux à qui notre occupation fait écho et qui souhaitent
s’impliquer dans l’auto-organisation du lieu de quelque manière que ce
soit, aux AGs ouvertes du Marbré tous les dimanches à 13h au 39 rue des
Deux Communes.

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